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Publication IRDES : La consommation excessive d’alcool des jeunes adultes

Publication IRDES : La consommation excessive d’alcool des jeunes adultes

Une publication[1] vient de paraître dans Questions d’économie de la santé (IRDES) sur la consommation d’alcool des jeunes de 18 à 30 ans. L’étude de la question de l’alcoolisation à l’« âge adulte émergent » permet en effet de mieux appréhender les transformations lors de cette période charnière du passage de l’adolescence à l’âge adulte. Elle permet de discerner des tendances significatives dont l’analyse aide à mieux comprendre les mécanismes de la prise de risque en santé.

Un risque d’alcoolisation excessive majoré pour les hommes, les actifs occupés et les niveaux d’éducation et de revenus plus élevés

A tout âge, l’écart entre hommes et femmes est très significatif, les premiers présentant un risque d’alcoolisation, tant ponctuel que chronique, environ deux fois plus élevé. Près des trois quarts des jeunes femmes ne présentent pas de risques, et elles modèrent leurs comportements plus tôt, dès 25-30 ans, alors que les hommes les accroissent encore. En revanche, entre 2002 et 2014, si le risque global d’alcoolisation excessive tend à diminuer chez les hommes du fait d’un risque chronique moindre, il a légèrement augmenté chez les jeunes femmes du fait du risque ponctuel.
Enfin, des facteurs d’ordre socio-économique influent sur ces comportements au sein d’une même génération. Par exemple, à 18-24 ans, les hommes actifs occupés sont plus concernés par le risque global d’alcoolisation excessive que les étudiants ou les chômeurs, alors que seules les chômeuses sont moins concernées à cet âge. Chez les hommes comme chez les femmes et à 18-24 ans comme à 25-30 ans, ce risque augmente avec les niveaux d’éducation et de revenu. Ces résultats sont issus de l’Enquête santé européenne (EHIS) menée en 2014 et de précédentes Enquêtes santé et protection sociale (ESPS) de 2002 à 2012.

Lire l’article


[1] COM-RUELLE L. & CHOQUET M. (2022). La consommation d’alcool des jeunes adultes : Un risque global d’alcoolisation excessive bien plus élevé pour les hommes mais un risque ponctuel en augmentation pour les femmes. QUESTIONS D’ECONOMIE DE LA SANTE (IRDES), 265, 1‑8.

Publié par Didier dans Actualités
Pourquoi il faut éduquer les jeunes face au marketing du tabac

Pourquoi il faut éduquer les jeunes face au marketing du tabac

Article intégral publié le 1 juillet 2020 dans The Conversation          

Si les niveaux de consommation des adolescents français sont en baisse ces dernières années, ils restent au-dessus de la moyenne des autres pays européens. Plus inquiétant encore, les inégalités sociales relatives au tabagisme s’installent dès le plus jeune âge dans notre pays. Sachant que 90 % des fumeurs ont commencé avant l’âge de 18 ans, l’enjeu premier est bien de développer la capacité des jeunes à garder leur liberté vis-à-vis de ce produit.

Face à l’extrême agilité des stratégies déployés par l’industrie du tabac, il s’avère crucial de développer les capacités des jeunes à identifier et résister aux différentes influences. Ces stratégies font appel à une variété de canaux, sont extrêmement dynamiques et s’adaptent constamment aux contextes. Outre la démarche consistant à surfer sur la défiance actuelle vis-à-vis des données scientifiques, une autre stratégie est particulièrement efficace : il s’agit de faire du tabac un enjeu moral et de l’action publique en matière de santé un hygiénisme moralisateur, une chasse aux « bons vivants », une atteinte à l’art de vivre à la française… Cette confusion détourne de l’enjeu principal, celui des pressions qui influencent ces choix, en particulier des modalités d’emprise sur les adolescents.

Vis-à-vis de produits addictifs comme le tabac, les jeunes sont particulièrement vulnérables :

  • au plan neurobiologique, puisque le cerveau est encore en pleine phase de développement (la maturation du système nerveux se termine après 20 ans chez les humains)
  • au plan psychologique (c’est une phase de transition majeure qui génère des défis en termes de construction de l’identité)
  • sur le plan social : s’intégrer aux groupes sociaux, exister vis-à-vis des pairs constituent des enjeux majeurs à cette période et les comportements qui affectent directement la santé sont des vecteurs d’intégration.

Du fait de cette triple vulnérabilité et des enjeux majeurs pour la prévention de l’entrée dans la consommation de tabac, il s’avère crucial de renforcer à la fois la protection et l’éducation pendant cette période spécifique que constitue l’adolescence. Cela implique à la fois un écosystème de vie qui protège les jeunes et une éducation critique qui leur permette de mettre à distance les pressions de toutes sortes, notamment celles liées aux intérêts commerciaux.

Si beaucoup a été fait ces dernières années en matière de protection (interdiction de la vente aux mineurs, régulation de la publicité, interdiction de fumer dans les lieux publics, instauration du paquet neutre…), il reste beaucoup à faire en matière éducative face aux stratégies d’influence.

Conjointement à celui de la famille et des clubs sportifs et culturels, les établissements scolaires ont ici un rôle clé à jouer, en cohérence avec leur mission première : mettre en œuvre des activités permettant aux élèves de disposer des compétences lui permettant de conserver sa liberté, c’est-à-dire d’être capable de faire des choix éclairés. Il s’agit de permettre aux élèves de s’approprier les moyens de construire leur propre liberté comme personne et comme citoyen.

Des études ont été conduites quant aux approches les plus efficaces pour parvenir à développer chez les jeunes ces capacités de résistance à l’emprise. Plusieurs ont montré leur efficacité en termes de prévention des consommations de substances psychoactives. Dans tous les cas, il s’agit de développer la capacité d’action des établissements scolaires via la formation, l’accompagnement et la mise à disposition d’outils adaptés.

De réels progrès ont été réalisés en matière de politiques publiques comme d’engagement citoyen. Il s’agit maintenant de renforcer les dispositifs existants, d’amplifier ceux qui visent à prévenir l’entrée des adolescents dans le tabagisme et de mettre en cohérence les différentes approches dans une perspective de promotion de la santé. L’enjeu est d’arriver à une première génération sans tabac à l’horizon 2032, c’est l’un des objectifs phares du Programme national de lutte contre le tabac 2018-2022 : décideurs, politiques, acteurs de santé publique et société civile doivent résolument s’y employer. Libérer les jeunes de l’influence de l’industrie du tabac est un prérequis à toute évolution favorable en matière de santé.

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Publié par Didier dans Actualités