La chaire UNESCO EducationS & Santé à l’honneur dans le Lancet Child & Adolescent Health

La chaire UNESCO et centre collaborateur OMS Global Health & Education est fière d’être mise à l’honneur dans un article du Lancet Child & Adolescent Health, qui salue le renouvellement de son mandat en octobre 2023 et met en avant son rayonnement scientifique international.

Cet article rappelle la généalogie de la chaire, qui est née de la conférence de haut niveau de l’OMS sur le travail intersectoriel en décembre 2016 et de ce constat, appelant une nécessaire collaboration des secteurs de l’éducation et de la santé : le niveau d’éducation est l’un des premiers déterminants de la santé et la santé et le bien-être sont des conditions clés pour la réussite éducative tout au long de la vie.

La chaire, qui a entamé son premier mandat en 2018, a ainsi la particularité d’être le fruit d’un accord partagé avec l’UNESCO et l’OMS, la chaire UNESCO étant également le Centre collaborateur OMS FR 135. “L’idée était de construire un hub, une interface entre les champs de la santé et de l’éducation, une entité médiatrice entre les connaissances et les pratiques dans cette perspective intersectorielle”, Didier Jourdan (Université Clermont Auvergne, France), titulaire de la chaire UNESCO et directeur du centre collaborateur OMS.

Pour le second mandat de la chaire, Nicola Gray (Université de Huddersfield, Royaume-Uni) rejoint Didier Jourdan en tant que co-titulaire de la chaire. Didier Jourdan (Professeur des Universités en Sciences de l’éducation, vice-président de l’Union Internationale de Promotion et d’Education pour la Santé, ancien directeur de la prévention et de la promotion de la santé à Santé Publique France, chercheur en promotion de la santé, Laboratoire ACTé, INSPÉ Clermont Auvergne) et Nicola Gray (pharmacienne, chercheure en services de santé, vice-présidente pour l’Europe de l’Association Internationale pour la santé des adolescents IAAH) incarnent la nature intersectorielle et collaborative de la chaire.

Didier Jourdan et Nicola Gray, co-titulaires de la Chaire UNESCO et Centre collaborateur OMS Éducations & Santé

Célébré le 19 octobre 2023 à l’UNESCO, le second mandat de la chaire s’inscrit dans la continuité du premier mandat, en s’appuyant sur ses réussites pour poursuivre, dans une visée sans cesse renouvelée, le développement de ses activités et sa dynamique innovatrice et fédératrice.  

La première réalisation de la chaire a été de créer une communauté mondiale, qui rassemble des chercheurs, des professionnels de la santé, de l’éducation, du social, des citoyens, des institutions. La chaire compte plus de 3000 membres et 80 universités dans le monde entier, qui mettent en œuvre les missions de la chaire au niveau local, régional ou national. « Une grande partie des travaux universitaires se limitent à certaines langues et ne reflètent donc que certaines perspectives », explique Nicola Gray. « Je pense que l’une des réalisations du premier mandat, sur laquelle nous nous appuierons pour le second mandat, est de toujours veiller à défendre l’importance de conjuguer les langages, les perspectives, les cultures, dans une dynamique inclusive. Si les co-titulaires de la chaire sont de langue française et anglaise, les collègues du monde entier contribuent à la recherche et aux initiatives dans différentes langues. Ainsi, les webinaires de la chaire ont été proposés dans plusieurs langues, dont l’espagnol ou le persan, afin de favoriser l’inclusivité et l’accessibilité des activités de la chaire au plus grand nombre.

La chaire est une communauté ouverte que toute personne intéressée par l’amélioration de la santé et de l’éducation est invitée à rejoindre. L’évènement phare actuel, l’Atelier Mondial de Santé Communautaire, qui, en 2024, sera centré sur le thème de la pauvreté, accueillera une vaste communauté de professionnels du monde entier. « La pauvreté et les inégalités sont à l’origine de la plupart des problèmes de santé et de bien-être que nous constatons. Nous allons donc rendre cela explicite », déclare N. Gray. « Tout le monde est le bienvenu, quelle que soit son origine, quelle que soit sa discipline. » A ce jour, un peu plus de 750 personnes sont inscrites sur 1000 places disponibles.

Au niveau mondial, la chaire soutient les pays et territoires dans l’élaboration de leurs politiques de promotion de la santé à l’école et dans la production de lignes directrices, de séminaires et de matériel didactique. Celles-ci sont fondées sur des données probantes, mais aussi ancrées dans les contextes sociaux et culturels des communautés avec lesquelles la chaire travaille. La chaire a également lancé une licence professionnelle en éducation à la santé à Dakar, au Sénégal, en 2022. Le programme de formation a été élaboré dans le cadre d’un processus participatif avec les acteurs locaux et se centre sur les besoins des professionnels dans le contexte sénégalais. “L’idée est de former les leaders de demain sur le terrain, qui auront la double culture – la culture de la santé et la culture de l’éducation – et qui seront capables de parler un langage compréhensible par les deux parties”, explique D. Jourdan.

Outre la poursuite de la création d’une communauté et le développement des capacités intersectorielles mondiales, les objectifs stratégiques de la chaire comprennent la production et le transfert de connaissances. La chaire, en collaboration avec des partenaires clés, a produit le Global Handbook of Health Promotion Research en trois volumes, afin de renforcer le domaine de la recherche en promotion de la santé, et de contribuer à sa reconnaissance en tant que domaine établi. « Pour certaines personnes, la recherche en promotion de la santé est quelque chose de vague, de faible, qui n’a rien à voir avec l’épidémiologie ou la recherche clinique », explique D. Jourdan. « Notre rôle était de travailler à la construction et à la définition plus précise de l’épistémologie de la recherche en promotion de la santé afin de produire des connaissances solides et pertinentes. 

L’une des principales réalisations de la chaire au cours de la pandémie de COVID-19 a été de combiner les données scientifiques, l’expérience des professionnels sur le terrain et les considérations contextuelles pour comprendre les expériences des écoles du monde entier. L’infrastructure existante de la communauté de la chaire a permis de réaliser une enquête mondiale sur les stratégies locales et nationales de réouverture des écoles, en recueillant et en recoupant les expériences des professionnels de la santé et de l’éducation. L’enquête a été menée en six langues dans 72 pays par l’intermédiaire d’un consortium de plus de 20 instituts de recherche et partenaires mondiaux. Alors que les épidémiologistes se demandaient si les enfants dans les écoles jouaient un rôle de vecteur dans la transmission du COVID-19 et si l’ouverture des écoles mettait les gens en danger, les chercheurs de la chaire posaient d’autres questions – sur la façon dont les écoles faisaient face à la situation, sur la contribution des professionnels de la santé et sur ce à quoi ressemblait la vie quotidienne dans les écoles pendant la pandémie.

Les co-titulaires de la Chaire soulignent la nécessité de prendre en compte les contextes et les pratiques dans les prises de décisions. Par exemple, indépendamment des données probantes en faveur de la distanciation sociale, ou de la question de savoir si le port du masque réduit la transmission dans les écoles, il existe des données fondées sur les pratiques concernant la manière dont la distanciation sociale peut être mise en œuvre dans les écoles, la manière dont les écoles font face aux réalités du port du masque par les jeunes enfants et les adolescents, et les compromis qui doivent être faits. « En combinant les deux perspectives, nous pourrons peut-être progresser de manière très fructueuse, qui respecte les deux”, explique N. Gray. « Les enfants et les jeunes doivent être scolarisés pour de nombreuses raisons, pour leur santé et leur bien-être, et pas seulement pour leurs résultats scolaires, qui sont tout aussi importants. »

“Notre domaine n’est pas la science des problèmes, mais la science des solutions”, note D. Jourdan, qui souligne la nécessité de collaborer avec les écoles et les autres institutions qui s’occupent des jeunes afin de définir des stratégies efficaces. La vision intersectorielle de la chaire repose sur l’idée que “l’on ne peut pas créer de la santé sans ou contre la bonne volonté des gens”, déclare D. Jourdan. « Au-delà de la science de l’implémentation, il s’agit de développer une véritable science de l’amélioration en partenariat avec les personnes concernées, car nous ne pouvons pas améliorer la santé des populations sans elles. »


Librement traduit en français de l’article original :  Thorley, J. (2024). A renewed commitment to intersectoral action for child and adolescent health. The Lancet Child & Adolescent Health8(5), 320‑321. https://doi.org/10.1016/S2352-4642(24)00082-8

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