Mois : novembre 2017

Didier Jourdan est intervenu à Tokyo et Nagano sur l’articulation entre éducation au développement durable et promotion de la santé à l’école

Didier Jourdan est intervenu à Tokyo et Nagano sur l’articulation entre éducation au développement durable et promotion de la santé à l’école

Dans sa présentation Didier Jourdan a souligné le fait que l’éducation au développement durable est au cœur des transformations de notre monde. La double prise de conscience de l’existence de questions qu’il convient de prendre en charge à l’échelon mondial (en matière de santé, d’économie, d’environnement…) d’une part et de l’importance cruciale de l’écosystème de vie local des individus et des populations dans leurs conditions de vie d’autre part contribue à orienter les politiques éducatives. Le développement d’une citoyenneté à la fois locale et globale est un enjeu majeur pour l’éducation. L’éducation au développement durable qui permet d’appréhender la complexité du monde dans ses dimensions scientifiques, éthiques et citoyennes est appelée à donner de la cohérence à l’éducation délivrée tout au long de la scolarité des enfants et des jeunes d’aujourd’hui.

En effet, qu’il s’agisse du vivre-ensemble, de l’émergence de modèles économiques soutenables, de lutte contre le changement climatique, de protection de la biodiversité, d’énergie, d’alimentation, de santé, de tri des déchets, de migration, de lutte contre la pauvreté, de bien-être, l’enjeu est rien moins que de préparer les enfants et les jeunes à relever les défis du futur. De plus, s’agissant de problématiques socialement vives, l’éducation au développement durable ne peut prendre toute sa mesure que si les enseignements dispensés trouvent un écho dans l’organisation concrète du cadre de vie ou dans les initiatives locales. Les Nations-Unies ont défini 17 objectifs pour le développement durable, ils constituent la toile de fond de l’éducation au développement durable.

La promotion de la santé à l’école vise quant à elle à la fois à créer les conditions sanitaires (santé physique, psychologique et sociale) de la réussite des élèves et à donner à chacun les moyens de prendre en charge sa propre santé de façon libre et responsable dans une perspective citoyenne. Elle articule trois axes : l’éducation à la santé (les connaissances et les compétences nécessaires à l’abord des dimensions individuelles et collectives de santé), la prévention (les dispositifs de prévention mis en place à l’échelle des territoires et des écoles qui associent les acteurs locaux en référence aux priorités de santé publique) et la protection de la santé (les démarches mise en œuvre dans les établissements scolaires dans le but d’offrir aux élèves l’écosystème le plus favorable possible à leur santé et à leur bien-être : climat scolaire, environnement scolaire, services sociaux et de santé).

Dans les deux cas, il s’agit d’offrir un parcours éducatif progressif tout au long de la scolarité. En l’occurrence, il convient de proposer aux élèves une succession organisée et cohérente d’expériences éducatives de natures variées, dans le cadre des enseignements ou non, à l’école ou hors l’école. Le parcours est partie prenante de l’éducation scolaire mais mobilise au delà de l’établissement l’ensemble des acteurs du territoire de vie des enfants. Le parcours explicite et formalise à la fois le contenu, les intervenants et les modalités pédagogiques de ce qui est proposé aux élèves. Il concerne des questions socialement vives non référées à un champ de connaissance disciplinaire et qui appellent le développement de capacités de prise de conscience et de compréhension d’enjeux complexes, de jugement critique et de compétences en action.

L’articulation d’apports disciplinaires et d’approches systémiques centrées sur des problématiques locales ou globales, la participation des élèves, la pluridisciplinarité, l’ouverture de l’école, les partenariats avec d’autres institutions sont au cœur tant de l’éducation au développement durable que de la promotion de la santé.

Il convient aujourd’hui d’aller plus avant dans la réflexion sur le sens, les modalités et le contenu de l’éducation dans un monde en mutation. Rendre lisible, de façon renouvelée, ce qui structure et oriente l’éducation est un enjeu majeur. Pour cela, il convient de créer de la cohérence et de rendre intelligible pour tous (enfants et jeunes, parents, partenaires de l’école, société civile…) ce qui oriente l’éducation. Le développement durable est susceptible d’offrir cet horizon de sens. Il permet d’ancrer la démarche éducative dans un destin commun à toute l’humanité et dans le concret de l’action au sein des communautés de vie, au plus près des enfants et des jeunes.

Dans cette perspective, les cadres de l’éducation au développement durable et de la promotion de la santé sont appelés à s’articuler plus avant dans une double référence aux conditions de la réussite de tous les élèves d’une part et de l’éducation à la citoyenneté d’autre part.

– L’éducation à la santé et la prévention sont constitutives de l’éducation au développement durable, elles en constituent une dimension irréductible. Il s’agit de permettre à chaque enfant et adolescent de disposer des connaissances, des compétences et de la culture lui permettant de prendre en charge sa propre santé de façon autonome et responsable ;

– La santé est une condition de la réussite de tous les enfants et jeunes, cette dernière n’est possible que si l’on crée autour des enfants et des adolescents un écosystème de vie favorable à la santé. L’action se doit d’associer l’ensemble des acteurs du territoire au service d’une vision intégrée : environnement (bâtiments, restauration…), accès aux services de santé et sociaux (dépistage des troubles de l’apprentissage, accompagnement des enfants présentant des difficultés de santé…), climat scolaire favorable à la santé de tous les élèves… Elles constituent le socle d’une école inclusive et bienveillante visant la réussite de tous.

Ces deux axes sont étroitement imbriqués, ils correspondent à des dimensions fondamentales des politiques d’écoles des collèges et des lycées. Education au développement durable et promotion de la santé constituent en fait les deux faces d’une même dynamique éducative.

 

Document de l’UNESCO sur l’éducation pour la santé et le bien-être : contribution aux objectifs de développement durable

 

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Le Nutri-Score : une avancée majeure pour la santé publique, un enjeu éducatif de premier ordre

Le Nutri-Score : une avancée majeure pour la santé publique, un enjeu éducatif de premier ordre

Une avancée importante pour la santé publique

Suite au feu vert donné le 25 octobre dernier par la Commission Européenne et à la concertation organisée ces deux dernières années, l’arrêté officialisant le Nutri-Score comme signalétique nutritionnelle sur la face avant des emballages des aliments a été signé le 31 octobre par les 3 ministres français concernés (Santé, Agriculture, Economie et Finances).
Il s’agit d’une avancée importante en matière de santé publique. L’enjeu est de créer les conditions pour permettre au plus grand nombre de disposer des informations nécessaires à un choix des aliments en fonction de leur qualité nutritionnelle. En complément des autres critères (goût, prix, marque, présentation…), chacun pourra ainsi prendre en compte les caractéristiques nutritionnelles grâce à une présentation synthétique en face avant des produits.

Comprendre le Nutri-Score

 

Faire alliance au service de la santé de tous

La démarche d’élaboration du Nutri-Score a associé consommateurs, industriels, distributeurs, scientifiques, acteurs de la santé publique… L’émergence de cette signalétique ne s’est pas faite sans difficulté mais il est clair que la philosophie qui a présidé à la concertation était celle de l’alliance. Au delà des intérêts parfois divergents, il est fondamental que la santé publique constitue un espace où s’élabore des politiques et des pratiques qui visent à améliorer la santé de tous et à réduire les inégalités de santé. En mai 2017, les entreprises Auchan, Fleury Michon, Intermarché et Leclerc, suivies de Danone et Mc Cain, se sont engagées à apposer ce logo sur leurs produits.

 

Un enjeu éducatif majeur

La mise en place progressive du Nutri-Score (les entreprises peuvent choisir ou non d’apposer cette signalétique sur les produits) constitue également un enjeu éducatif de premier plan. En effet, cette présentation synthétique de la qualité nutritionnelle des aliments constitue un support pour l’éducation nutritionnelle en famille, à l’école ou dans les espaces d’éducation non-formelle. En complément des dimensions de sécurité sanitaire et de modes de production, la qualité nutritionnelle du produit est au coeur de choix raisonnés en matière alimentaire.

En ce qui concerne le cadre scolaire, il convient, dans le cadre de la mise en place du parcours éducatif pour tous les élèves, de permettre à chacune et à chacun de comprendre et d’être capable d’utiliser le Nutri-Score. Au coeur du parcours il s’agit de mettre en œuvre des activités permettant à l’élève de disposer des compétences lui permettant de choisir de façon libre et responsable. Plus largement l’enjeu est de donner les moyens à la personne de prendre soin d’elle-même, d’être en situation d’exercer sa part de responsabilité envers sa propre santé. Pour que de tels choix soient possibles, il est nécessaire que des connaissances soient acquises : connaissance de soi et de ses besoins, connaissances relatives aux caractéristiques des aliments … Mais ce n’est pas suffisant, il est indispensable d’être en capacité de choisir, de mettre à distance la pression des stéréotypes (habitudes alimentaires, marketing, publicités…) et des pairs. Le Nutri-score, du fait de son statut constitue un support de choix pour ce travail éducatif fondamental.

Communiqué de presse Nutri-score

Dossier de presse Nutri-Score

Avis du Haut Conseil de la Santé Publique

Article scientifique de référence relatif à la pertinence du Nutri-score par l’équipe de C. Julia et S. Hercberg

 

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Conférence sur une approche intersectorielle des politiques de santé et d’éducation à la maison franco-japonaise de Tokyo

Conférence sur une approche intersectorielle des politiques de santé et d’éducation à la maison franco-japonaise de Tokyo

Didier Jourdan a donné une conférence à la maison franco-japonaise de Tokyo le 5 novembre 2017 sur le thème “Travailler ensemble à la santé et au bien-être de tous les enfants et adolescents, une approche intersectorielle des politiques nationales à l’action à l’échelon local”.

 

De nombreuses données collectées à l’échelon international attestent des liens étroits existant entre la santé et l’éducation. D’abord, il est clair qu’une mauvaise santé est un obstacle à l’apprentissage. En milieu scolaire, les difficultés de santé affectent tant l’implication dans les activités de classe, les attitudes des élèves que leurs résultats scolaires. Ensuite, il existe un lien fort entre niveau d’éducation et santé. Plus le niveau d’éducation est élevé, plus l’état de santé est bon. Ceci se manifeste sur les comportements liés à la santé, comme sur l’espérance de vie ou l’accès au soin. Si la famille est le lieu principal de l’éducation, l’Ecole, en tant que milieu de vie et comme espace privilégié d’éducation, est aussi susceptible de contribuer à l’amélioration de la santé.

Au cours des 4 dernières années, le projet de recherche sur les écoles promotrices de santé en Europe et au Canada (axé sur le développement du curriculum, la pédagogie et les liens entre les écoles et les communautés) mené par le Département des études de l’enfance de l’Université Nishi Kyushu et le Département des Sciences Humaines de l’Université d’Osaka, a produit de nombreuses données. Plus récemment, les travaux réalisés lors de la phase préparatoire à la création de la chaire UNESCO et du réseau UNITWIN “EducationS et Santé” ont permis de mieux comprendre le rôle des écoles dans le domaine de la santé dans différents pays.

Cette présentation visait à mettre en évidence les enjeux du développement de politiques intersectorielles de l’échelon local à l’échelon national. C’est l’articulation des dynamiques éducatives et sanitaires qui a été mise en avant sans que cela ne minore la nécessité de politiques intersectorielles associant des domaines aussi variés que l’urbanisme, les transports, l’économie, le social… Nous avons proposé une réflexion sur la contribution spécifique des systèmes éducatifs dans le domaine de la prévention et de l’éducation à la santé sachant que, selon les pays concernés, la place des questions de santé dans les politiques éducatives diffère significativement. Nous avons tenté de montrer que le rôle de l’Ecole ne saurait se limiter à la transmission de messages de prévention. L’enjeu principal de l’éducation à la santé en milieu scolaire est aujourd’hui la mobilisation de l’Ecole sur ce qui, dans sa mission propre, est de nature à promouvoir la santé et non le transfert, vers l’Ecole, de problématiques sanitaires. Avancer dans ce domaine n’est possible qu’à la condition de prendre conscience d’une part de la complexité de l’éducation qui résiste à tous les raccourcis et à toutes les recettes miracles et d’autre part du fait que la mission première de l’Ecole n’est pas de lutter contre tel ou tel fléau mais bien de former les citoyens de demain et de permettre la réussite de tous.

Après avoir abordé la question des liens existant entre école et santé, nous nous sommes centrés sur la place de l’éducation à la santé dans le champ scolaire avant d’élargir notre regard aux politiques éducatives et de santé. Nous espérons susciter un échange sur la base de la situation au Japon et France.

Texte de la conférence en japonais

Texte de la conférence en français

Lien vers le site de présentation

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