Mois : avril 2020

Rouvrir les écoles : premiers retours d’expérience

Rouvrir les écoles : premiers retours d’expérience

Article de Didier Jourdan publié le 29 avril 2020 dans The Conversation

La réouverture des écoles en France est planifiée à partir du 11 mai. Certains pays n’ont pas fermé leurs écoles, d’autres les ont déjà rouvertes, quelques-uns ont décidé d’attendre la rentrée de septembre et pour certains le débat est encore en cours.

Ces différentes situations témoignent de la diversité des contextes : conditions de vie, organisation politique, système de santé, calendrier scolaire, intensité de l’épidémie… Elles illustrent aussi le fait que les décisions politiques en matière de santé publique ne peuvent s’appuyer sur des données univoques simples, claires et définitives.

Ces décisions font toujours intervenir un large ensemble de paramètres, et une part d’incertitude. En effet, même s’il s’agit d’un facteur qui agit aujourd’hui sur la santé de façon saillante et évidente pour chacun, l’épidémie de Covid-19 n’est que l’un des déterminants de la santé parmi de nombreux autres.

La recherche montre que la santé des individus et des populations est sous l’influence d’un large ensemble de déterminants biologiques, socioculturels, environnementaux, comportementaux, liés au système de soins et que les inégalités de santé trouvent leur source dans ces différents facteurs.

Au-delà de la dimension politique, la question de la faisabilité et des modalités concrètes de la réouverture est centrale. Dans un précédent article, nous nous sommes intéressés aux données disponibles quant aux politiques à mettre en œuvre. Nous proposons ici de nous focaliser sur les questions concrètes posées à l’échelon des écoles, des collèges et des lycées.

L’article publié le 29 avril 2020 dans The Conversation propose de synthétiser les questions qui émergent du côté des parents et des professionnels de l’éducation français et de les soumettre à trois chefs d’établissement à Taiwan : un directeur d’école, un principal de collège et le proviseur d’un lycée professionnel.

Y est également fait le point de la situation avec les chercheurs du département de santé publique de l’Université Fu Jen de Taipei. Ce pays a en effet rouvert ses écoles le 25 février, après avoir prolongé les vacances d’hiver de deux semaines. Les équipes d’école et d’établissement ont ainsi deux mois de recul.

L’analyse qui est conduite met en lumière le fait que l’enjeu central est avant tout de s’assurer que les questions de santé à l’école soient traitées du point de vue scolaire, en référence à l’éducation des élèves. L’école comme acteur clé de la santé de tous via les conditions de vie qu’elle offre aux élèves et l’éducation qu’elle dispense et non comme simple instrument de santé publique.

Lien vers l’article

Publié par Didier dans Actualités
Promouvoir la santé de tous en temps de crise et après… La réponse de la promotion de la santé à la pandémie de COVID-19

Promouvoir la santé de tous en temps de crise et après… La réponse de la promotion de la santé à la pandémie de COVID-19

Les discussions actuelles sur la nature des mesures nécessaires pour répondre à la pandémie de COVID-19 nous appellent tous à faire part de nos réflexions et de nos expériences sur la meilleure façon de relever les multiples défis auxquels nous sommes confrontés. La section Promotion de la santé de l’Association européenne de santé publique (EUPHA), l’Union Internationale de promotion de la santé et d’éducation à la santé (UIPES-IUHPE) et la Chaire UNESCO ÉducationS & Santé souhaitent partager cinq points de discussion, afin de contribuer à nourrir le débat de santé publique et cibler les enjeux majeurs de cette pandémie, selon la perspective de promotion de la santé.

Alors que les discussions à l’échelle mondiale engagent et mobilisent des notions aussi complexes que celles de santé, d’équité, de durabilité, de solidarité ou de dignité humaine, il manque une perspective systématique qui associe ces différentes questions avec les efforts de prévention et de traitement des maladies dans une compréhension globale de santé publique. La promotion de la santé possède l’expertise nécessaire pour rassembler ces différentes perspectives, pour proposer une approche globale, dans un effort commun pour aider les systèmes de soins médicaux à répondre aux défis auxquels ils font face actuellement.

Auteurs : Luis Saboga-Nunes, Diane Levin-Zamir, Uwe Bittlingmayer, Paolo Contu, Paulo Pinheiro, Valerie Ivassenko, Orkan Okan, Liane Comeau, Margaret Barry, Stephan Van den Broucke, Didier Jourdan

Cliquez ici pour télécharger le document (traduction française à venir)

Publié par Didier dans Actualités
OCDE : un guide pour la réponse éducative à la pandémie COVID-19

OCDE : un guide pour la réponse éducative à la pandémie COVID-19

L’OCDE vient de publier un rapport qui vise à soutenir la prise de décision en matière d’éducation, afin de développer et de mettre en œuvre des réponses éducatives efficaces à la pandémie COVID-19. Dans la plupart des pays du monde, l’enseignement scolaire sera perturbé pendant plusieurs mois en raison des mesures de distanciation sociale prises en réponse à la pandémie COVID-19. Sans une stratégie efficace pour préserver et soutenir au mieux l’éducation pendant cette période, cette situation risque d’entraîner de lourdes pertes d’apprentissage pour les élèves.

Il est donc crucial que les responsables de l’éducation prennent des mesures immédiates pour élaborer et mettre en œuvre des stratégies qui réduisent l’impact de la pandémie sur l’éducation. Le rapport propose que les responsables des systèmes et des organismes éducatifs élaborent des plans pour la poursuite de l’éducation par des méthodes alternatives. Le rapport offre un cadre pour guider le développement de stratégies éducatives spécifiques en fonction des contextes. Il contient également une check-list de 25 points pour soutenir le développement d’une stratégie éducative pendant la pandémie. Cette check-list peut être utilisée par les autorités éducatives nationales, étatiques ou locales ou par les responsables des réseaux d’éducation.

Sur la base d’une évaluation rapide des besoins en matière d’éducation et des débuts de réponses apportées dans quatre-vingt-dix-huit pays, le rapport identifie les besoins les plus critiques qui devraient être abordés dans ces plans, ainsi que les domaines susceptibles de rencontrer davantage de difficultés de mise en œuvre. Les domaines identifiés comme prioritaires sont les suivants : assurer l’apprentissage scolaire des étudiants, soutenir les étudiants qui manquent de compétences pour étudier de manière indépendante, assurer le bien-être des étudiants, fournir un soutien professionnel aux enseignants et assurer le bien-être des enseignants et les soins médicaux aux enseignants. Les priorités identifiées sont étroitement liées aux ambitions de la chaire UNESCO. Le rapport décrit également les défis auxquels sont confrontés les différents systèmes éducatifs pour dépendre de l’éducation en ligne comme alternative à l’éducation scolaire.

Publié par Didier dans Actualités
Réouverture des écoles : sur quels savoirs s’appuyer ?

Réouverture des écoles : sur quels savoirs s’appuyer ?

Article publié le 21/04/2020 dans The Conversation

Comme l’a indiqué le Directeur Général de l’OMS le 12 mars dernier au sujet de la gestion de la pandémie de Covid-19, il s’agit de « trouver un délicat équilibre entre la protection de la santé, la prévention des risques économiques et sociaux et le respect des droits de l’homme » [i].  Une épidémie est un processus dynamique, les défis à relever évoluent en permanence. La semaine dernière, le Chief Medical Officer for England[ii], l’équivalent du directeur général de la santé en France, soulignait la nécessité d’intégrer une large variété de paramètres dans la décision politique au-delà de la protection du système de soin et de sa capacité à prendre en charge les malades. Il appelait à être conscient des différents types de mortalité auxquels nous faisions et ferions face : la mortalité liée directement à la Covid-19, la mortalité indirecte liée à l’impact de l’épidémie sur le système de soin et celle liée aux conséquences sanitaires de la crise économique et sociale générée par le confinement.

La fermeture des écoles et des établissements est l’une des mesures majeures de lutte contre l’épidémie. Leur réouverture est prévue mais les questions restent nombreuses. Pour le syndicat enseignant SNES-FSU, « quelle que soit la date, aucune reprise n’est envisageable si les conditions sanitaires garantissant la sécurité et la santé des élèves et des personnels ne sont pas réunies[iii] ». Nous nous proposons ici de faire le point des données disponibles aujourd’hui quant à la pertinence et aux modalités de réouverture.

L’impact de la fermeture des écoles sur les élèves

Les données disponibles montrent que la fermeture des écoles et des établissements a un impact sur l’ensemble des élèves et qu’elle joue un rôle d’amplificateur des inégalités. L’école est en effet à la fois un milieu de vie ou sont accueillis les élèves et les personnes qui les encadrent et un espace privilégié d’éducation[iv]. Ainsi, outre l’impact quantitatif (baisse du temps passé à étudier) et qualitatif (conditions d’étude, moindre accès à un professionnel de l’éducation) sur les apprentissages et les conséquences sur la santé psychologique des élèves[v], la fermeture prive les élèves les plus vulnérables de la restauration scolaire, du soutien des personnels d’éducation, de santé et sociaux alors même que le confinement aggrave les problèmes matériels des familles et les violences domestiques[vi].

L’impact de la fermeture des écoles sur les épidémies

Des données issues d’observations ou de modélisations sur les épidémies liées à des virus, qu’il s’agisse de la grippe ou des maladies liées aux coronavirus (SARS, MERS et Covid-19), sont disponibles. Pour autant, comme il est difficile d’isoler la fermeture des écoles des autres mesures et que le virus responsable de la Covid-19 n’est pas suffisamment connu, il n’est pas possible de tirer des conclusions définitives. La revue de littérature publiée dans le Lancet par Russell Viner et son équipe[vii] montre que dans les épidémies antérieures de coronavirus, la transmission dans les écoles est très faible ou absente. De récentes études de modélisation pour l’épidémie de Covid-19 prévoient que les fermetures d’écoles n’empêcheraient que 2 à 4 % des décès, soit beaucoup moins que d’autres interventions de distanciation sociale. Les mesures barrières ont quant à elles montré leur efficacité.

Bien que les données disponibles restent parcellaires, il est clair qu’il n’y a pas d’arguments forts en faveur du maintien de la fermeture des écoles. Il apparait que la réouverture des écoles accompagnée de mesures de distanciation sociale est une solution pertinente d’autant que les conséquences de la fermeture des écoles sont, elles, bien établies.

Pour autant, ces savoirs scientifiques ne sont pas suffisants à eux-seules pour orienter les politiques et les pratiques, il est nécessaire de les articuler avec d’autres sources savoirs notamment à partir de l’expérience d’autres pays et des savoirs des professionnels sur le terrain. Une convergence des données est nécessaire pour identifier ce qui est souhaitable et réalisable.

Les retours d’expérience des pays dont les écoles ne sont pas fermées

Une seconde source d’information est constituée par les retours d’expérience des pays qui n’ont pas fermé les écoles ou les ont rouvertes depuis suffisamment longtemps. Nous nous limiterons ici à présenter la situation de Taiwan qui fait figure de référence dans la gestion de la crise. En effet, le nombre de cas est resté très limité malgré l’exposition de la population du fait de la proximité avec la Chine continentale. Ce résultat est largement dû à la préparation des institutions, à un travail intersectoriel poussé à tous les échelons et à la précocité de la réaction. En ce qui concerne la fermeture des écoles, des règles ont été édictées à l’échelon national[viii] :

– Si un enseignant ou un élève est atteint, il ne fréquente plus l’école pendant 14 jours,

– Si deux ou plusieurs enseignants ou élèves sont confirmés comme ayant contracté la maladie, l’école entière est fermée,

– Si un tiers des écoles d’un canton ou d’une ville sont fermées en raison d’infections, toutes les écoles seront fermées.

A l’échelon des écoles, les dispositifs suivants sont mis en œuvre : en classe et dans les cantines, les élèves sont séparés les uns des autres par des cloisons en plastique entre les bureaux, des contrôles de température systématiques sont effectués et le port du masque est obligatoire.

Une étude réalisée auprès d’élèves du secondaire a montré une excellente intégration des mesures barrières et le fait qu’une majorité d’élèves (70%) considèrent que ces mesures n’ont pas affecté leur apprentissage[ix].

Même si toute comparaison doit être réalisée avec prudence du fait des différences dans les contextes culturels et sociaux, dans l’expérience de gestion des épidémies par les autorités ou de familiarité des populations avec les mesures barrières, ces éléments peuvent éclairer la réflexion en France.

Des repères pour la réouverture des école françaises

Dans la période qui s’ouvre, l’enjeu est de penser une organisation du système éducatif qui permette à la fois des apprentissages efficaces et la protection santé des élèves comme des professionnels qui les encadrent. Cela ne peut pas signifier revenir à des modalités d’organisation équivalentes à celles préexistant à la crise. Sur la base des données disponibles, il est possible d’identifier quatre repères susceptibles d’orienter tant la décision politique que l’action des parents, des élèves et des professionnels.

1.     Un dispositif différencié et progressif

Comme le niveau de risque épidémique, la vulnérabilité sociale et sanitaire des élèves, les caractéristiques des locaux disponibles diffèrent d’un territoire, voire d’un établissement à l’autre, il n’est pas possible de mener le processus de réouverture de la même façon partout. Il apparait ainsi qu’une démarche associant un cadre national d’aide à la décision et des dispositifs de pilotage territoriaux rassemblant élus, acteurs de l’éducation (personnels de direction, administratifs, d’enseignement, de santé et social, de service, techniques), de la sécurité, du transport scolaire et de la santé publique, familles et élèves est potentiellement adéquat.

Le défi principal sera de créer sans délai les conditions d’un travail collectif concret et efficace à l’échelon territorial. Il ne s’agit pas de s’assurer du respect des règles, de la bonne compliance des acteurs, mais bien de s’appuyer sur leurs savoirs forgés au contact des élèves, d’élaborer la stratégie prenant en compte leur expérience, leurs propositions, leurs inquiétudes. Pour cela, outre la mise à disposition de ressources permettant d’organiser la vie à l’école, un temps significatif doit être dévolu à la concertation. Une prérentrée est sans doute nécessaire en amont de la réouverture aux élèves pour préparer leur accueil. Par ailleurs, il est nécessaire que les professionnels puissent bénéficier de formation, d’un accompagnement intersectoriel (santé et éducation) et de ressources. Des recueils d’outils ont été élaborés à l’échelon international[x].

Enfin, du fait de la moindre autonomie des jeunes enfants et de la précocité de la mise en place des inégalités sociales et éducatives, la priorité doit être placée sur l’école primaire puis le collège. Les lycées pourraient ne rouvrir que dans un second temps. C’est ce qu’a fait le Danemark qui a d’abord rouvert ses écoles maternelles et primaires, c’est également la préconisation de l’académie des sciences Allemande.

2.     Une organisation visant à protéger les élèves et ceux qui les encadrent

Les données de la recherche confirment la pertinence de la distanciation sociale et des lavages fréquents des mains ou l’utilisation d’une solution hydro-alcoolique. Le port du masque reste discuté. D’une part, il apparait que le masque, même s’il limite les projections, n’est pas une protection physique suffisante, car le virus se propage par des gouttelettes et le contact avec des surfaces contaminées. D’autre part, le port de masque constitue un rappel très visuel des dangers du virus et pourrait agir comme un « coup de pouce comportemental » soutenant l’engagement des personnes.

Un véritable plan de réouverture devra être établi pour chaque école et établissement, il pourra concerner le fonctionnement des transports scolaires, l’hygiène des locaux, l’accès au sanitaires pour se laver les mains, la mise à disposition de masques, les modalités de circulation dans l’établissement, la réorganisation des salles de classe pour augmenter l’espace entre élèves, l’échelonnement des récréations et des pauses déjeuner pour diminuer les nombre d’élèves présents simultanément dans les différents espaces, la réduction des déplacements des élèves (dans le secondaire par le fait que ce soit les enseignants qui se déplacent de classe en classe et non les élèves), la réduction de la durée de la semaine de cours, la séparation des classes en deux groupes présents successivement dans les établissements….

3.     Un dispositif pédagogique hybride

La période qui vient de s’écouler a conduit à explorer de nouvelles modalités pédagogiques. L’utilisation des Environnements Numériques de Travail a bondi. Une grande majorité des enseignants et des parents se sont bien accommodés à l’enseignement et à l’apprentissage à distance mais une minorité d’entre eux rencontrent des difficultés significatives. Des dispositifs spécifiques devront être stabilisés pour s’assurer que tous les élèves puissent disposer des moyens de travailler.

Compte tenu du fait qu’il sera très probablement nécessaire de réorganiser les temps de présence en établissement scolaire et à la maison, il convient d’ores et déjà de se préparer à des modalités d’enseignement hybride et à une individualisation plus grande des parcours des élèves dans le but de contribuer à réduire les inégalités.

4.     Renouveler le regard sur l’épidémie

On ne fait pas la santé des gens contre eux. Les travaux de la recherche montrent qu’indépendamment des consignes d’ouverture et de fermeture des écoles, l’absentéisme des élèves comme des professionnels peut être très élevé lors des épidémies, du fait à la fois de la maladie et du retrait volontaire. En ce qui concerne les mesures de distanciation, il apparait que si les activités et les contacts diminuent, ils ne cessent pas. Ceci est particulièrement vrai pour les enfants dont les parents n’étaient pas d’accord avec les fermetures d’école[xi]. Il est nécessaire de donner les moyens à chacun de comprendre pourquoi ou rouvre les écoles alors que la « guerre » contre le virus n’est pas gagnée. Après une phase aiguë ayant pour priorité de protéger la capacité d’accueil des services d’urgence et de réanimation hospitaliers, sans doute faut-il permettre à chacune et chacun d’avoir une vision plus opérationnelle de l’épidémie pour sa propre vie quotidienne. Deux inflexions peuvent être suggérées.

En premier lieu, il n’est pas raisonnable de se placer dans une vision magique de la résolution de la crise avec un médicament miracle ou un vaccin. Aucun élément ne permet de garantir que de tels traitements seront disponibles à court terme. Il faudra donc apprendre à vivre avec le virus comme c’est le cas pour d’autres coronavirus, le HIV et Ebola. Les épidémies de SRAS, MERS, SIDA et de maladie à virus Ebola n’ont pas été maîtrisées par des traitements médicaux mais principalement par le dépistage et des approches populationnelles de protection. Elles font appel à des compétences citoyennes.

Deuxièmement, pour comprendre comment vivre avec le virus, il semble important d’aider chacun à bien percevoir que nous sommes dans un processus adaptatif lié à la dispersion d’un virus au sein des populations humaines. Au bout de ce processus s’établira un nouvel équilibre sans que le virus ne disparaisse mais sa transmission sera limitée. Si un vaccin peut être mis au point, il permettra de s’assurer de l’immunisation de la population en minimisant les risques.

A la réouverture des classes, il sera sans doute nécessaire de mettre à distance l’épidémie et de se focaliser sur d’autres objets. Pour autant, du fait du contexte anxiogène que nous connaissons, il sera également indispensable que les élèves puissent renforcer leurs connaissances sur les micro-organismes (et pas seulement les virus), faire évoluer leurs représentations vers une vision plus écologique du rapport entre monde vivant microbien et santé[xii], travailler sur les médias et l’esprit critique, voir leur bien-être pris en compte… Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie en partenariat avec la chaire UNESCO et centre collaborateur OMS « EducationS & Santé » a mis en place un dispositif d’accompagnement des enseignants s’appuyant sur ces piliers[xiii].

Conclusion

S’appuyer sur les données disponibles, tant celles issues de la recherche que de l’expérience des pays ayant réussi à contenir l’épidémie sans fermer l’ensemble des écoles, peut permettre non seulement de mettre en œuvre les solutions les plus adaptées à notre contexte, mais aussi de donner les moyens à l’ensemble de la population de comprendre la situation et d’agir en conséquence.

Après la phase initiale de lutte contre l’épidémie, il faut apprendre à vivre avec le virus. Pour cela, il n’existe pas de base scientifique univoque qui indiquerait la démarche à suivre. L’enjeu est de savoir agir en condition d’incertitude sur la base de repères toujours limités. Afin d’y parvenir, trois types de savoirs doivent être conjugués, ceux issus des études scientifiques d’observation ou de modélisation, ceux issus de l’expérience d’autres pays et ceux des professionnels sur le terrain au contact direct des élèves. Ainsi, au-delà des questions techniques, il faudra revoir les façons de travailler, renforcer l’intersectorialité, articuler des savoirs d’origine diverses, développer les capacités de décision et d’action à l’échelon des territoires…

Enfin, la mise en œuvre d’un suivi systématique et des travaux de recherche dédiés sont nécessaires pour renforcer les données disponibles. La pandémie de Covid-19 est une opportunité pour approfondir les connaissances, produire des repères pour l’action et préparer la réaction aux futures épidémies.

Merci à Min Chien Tsai de l’université Fu jen de Taipei

[i] https://www.who.int/dg/speeches/detail/who-director-general-s-opening-remarks-at-the-missionbriefing-on-covid-19

[ii] https://www.bbc.co.uk/iplayer/episode/m000hj8r/bbc-news-special-coronavirus-daily-update-06042020

[iii] https://www.snes.edu/Covid19-reouverture-des-etablissements-MAJ-19-04

[iv] didier-jourdan.com/wp-content/uploads/2019/10/1272.pdf

[v] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30460-8/fulltext

[vi] https://fr.unesco.org/covid19/educationresponse/consequences

[vii] https://www.thelancet.com/journals/lanchi/article/PIIS2352-4642(20)30095-X/fulltext

[viii] https://www.taiwannews.com.tw/en/news/3878803

[ix] https://focustaiwan.tw/society/202003170020

[x] https://www.susana.org/en/knowledge-hub/resources-and-publications/library/details/3831

[xi] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7140596/?report=reader

[xii] https://chalkbeat.org/posts/us/2020/04/16/coronavirus-schools-help-students-return-research-ideas/

[xiii] https://covid19.rebee.chaireunesco-es.org

Publié par Didier dans Actualités
Partage d’expériences et de propositions : promotion de la santé et COVID-19

Partage d’expériences et de propositions : promotion de la santé et COVID-19

La pandémie qui sévit actuellement est une situation exceptionnelle appelant la communauté de la promotion de la santé à (ré)interroger et (ré)affirmer la spécificité de sa contribution et de ses approches. La section Promotion de la santé de l’EUPHA, l’IUPES et la Chaire UNESCO EducationS & Santé vous invitent à partager votre expérience et vos propositions, afin de dresser un tableau le plus exhaustif possible des différents rôles et apports de la promotion de la santé face à la pandémie de COVID-19. Ces données ont pour but de rassembler et stimuler la communauté de la promotion de la santé en fournissant diverses perspectives, réflexions et idées pour faire face à cette pandémie. Nous vous encourageons à partager les meilleures pratiques et les exemples sur la façon dont la promotion de la santé dans vos contextes locaux, nationaux et régionaux répond aux défis auxquels les sociétés et les personnes sont actuellement confrontées.

Publié par Didier dans Actualités
Ce que COVID-19 nous apprend sur les inégalités et la durabilité de nos systèmes de santé

Ce que COVID-19 nous apprend sur les inégalités et la durabilité de nos systèmes de santé

EuroHealthNet vient de publier un article montrant en quoi le COVID-19 révèle douloureusement les inégalités de santé existantes et persistantes dans nos sociétés (inégalités sociales comme territoriales). Ce sont les personnes vivant dans le dénuement ou confrontées à des situations socio-économiques difficiles qui subiront le plus lourdement les conséquences de la pandémie. L’épidémie de COVID-19 montre clairement combien il est important d’investir dans la prévention et la promotion de la santé, ainsi que dans le personnel de santé en général, en s’attaquant aux inégalités évitables en matière de santé et en renforçant les connaissances en matière de santé. À long terme, nous devons examiner la structure de nos systèmes de santé, leur durabilité et leur capacité à protéger tout le monde en temps de crise.

Lisez l’article complet pour en savoir plus.

Publié par Didier dans Actualités
Continuité pédagogique COVID-19 : soutenir les enseignants et les familles

Continuité pédagogique COVID-19 : soutenir les enseignants et les familles

Assurer la continuité pédagogique en situation de confinement n’est pas chose aisée, tant pour les enseignants que pour les familles.

Pour soutenir les enseignants mais également les familles dans cette période au cours de laquelle les enfants apprennent autrement, le site Réussir, Etre bien, Etre ensemble met à disposition des fiches élaborées au cours de l’année 2019 par les équipes de la Direction de l’Enseignement de Nouvelle-Calédonie (DENC), de l’agence sanitaire et sociale (ASS) de Nouvelle Calédonie, de la chaire UNESCO et centre collaborateur OMS « EducationS & Santé » avec un peu plus d’une centaine d’enseignants des trois provinces.

Ces ressources visent à l’apprentissage chez les enfants :

  • de connaissances sur le corps et la santé ;
  • de la capacité à prendre soin d’eux-mêmes et des autres ;
  • de compétences personnelles, sociales et civiques comme le respect de soi et des autres, la capacité à construire son opinion personnelle et à s’affirmer de manière constructive ;
  • de connaissances sur l’environnement physique et numérique à l’échelle du territoire, de l’espace océanien et du monde.

Elles ont été construites pour être utilisées en classe en Nouvelle-Calédonie mais peuvent servir de support à la réalisation d’activités à distance du CP au CM2. Elles sont ainsi appelées à être adaptées aux différentes situations.

Lien vers le site : https://covid19.rebee.chaireunesco-es.org/.

 

Publié par Didier dans Actualités
Penser la santé de tous pendant et après la crise

Penser la santé de tous pendant et après la crise

Avec le tsunami médiatique qui nous submerge, il est aisé de percevoir que la santé publique est fondée sur deux modalités d’action distinctes :

  • le régime d’exception qui est activé en cas de crise sanitaire comme celle que nous connaissons actuellement et qui organise la réponse à une menace spécifique, y compris en limitant la liberté des individus ;
  • le régime ordinaire qui s’appuie sur des interventions sur les multiples facteurs environnementaux, sociaux et individuels qui conditionnent la santé. Il s’agit ici de créer les conditions de la santé de tous, en référence à une large variété de cultures, de contextes, de rapports individuels et collectifs à la santé. La majorité de ces déterminants de la santé relevant d’autres champs que le système de soin, promouvoir la santé et réduire les inégalités nécessite la mise en œuvre d‘approches intersectorielles cohérentes.

Si les règles et les modes de fonctionnement qui caractérisent ces régimes sont différents, dans les deux cas, les questions éducatives y jouent un rôle majeur. En effet, la santé et l’éducation sont des domaines inextricablement liés. Le niveau d’éducation est l’un des principaux déterminants de la santé des personnes et inversement la santé et le bien-être constituent des conditions nécessaires à la réussite éducative tout au long de la vie. Les données de la recherche montrent qu’il existe un lien étroit entre état de santé et capacité pour une population de trouver, comprendre, évaluer et utiliser les informations pour prendre en charge sa santé (ce que l’on appelle généralement la littératie en santé). Il a été également montré que les inégalités sont de ce point de vue très importantes. Qu’il s’agisse de connaissances, de capacités, de prise de conscience et de compréhension d’enjeux complexes, de jugement critique et de compétences en action, plus d’un tiers de la population en Europe éprouve des difficultés significatives. Nous ne sommes pas tous égaux devant les fake news.

Comment améliorer la santé et réduire les inégalités concrètement et de façon durable sur le terrain, notamment dans les espaces les plus désavantagés, telle est la problématique centrale de la chaire et de sa communauté*. Au-delà de l’observation des comportements (la science des problèmes), il s’agit de renforcer et structurer les dispositifs de production de connaissance sur les organisations qui permettent d’améliorer la santé là où vivent les gens (la science des solutions). Il existe une grande richesse à la fois de pratiques (dans différents milieux et auprès de publics variés) et de données de recherche mais la perspective est souvent ce que l’on appelle le “solutionnisme” – il y a un problème, il y a une bonne solution, nous devons juste l’implanter. Au-delà de cette approche, la chaire et les équipes de recherche qui y sont associées travaillent à identifier les mécanismes de transformation au sein des différents milieux concernés (villes, écoles, clubs sportifs, lieux de travail…). Aujourd’hui, la priorité est d’améliorer la qualité de l’environnement et des services rendus plutôt que de tenter d’implanter une intervention universellement efficace. Autrement dit, au-delà de la science de l’implantation, il s’agit de développer une véritable science de l’amélioration en contexte avec les personnes concernées. On ne fait pas la santé des populations sans elles.

Ce renouvellement des pratiques de santé publique passe par la création de nouveaux écosystèmes de production et de partage des connaissances au service de l’action. C’est ce à quoi la Chaire UNESCO et centre collaborateur OMS « EducationS & Santé » s’attache aujourd’hui, dès lors que l’ambition est d’améliorer la santé de tous et de réduire les inégalités.

Dans le contexte actuel, la chaire est fortement mobilisée à la fois au sein du groupe de travail de la section Promotion de la Santé de l’OMS à Genève et dans la production d’outils pédagogiques et d’accompagnement. Pour plus d’informations : Continuité pédagogique COVID-19 : soutenir les enseignants et les familles

A ce sujet on peut se référer au texte de la société française de santé publique : Une pandémie qui interroge les valeurs de la santé publique. 

Publié par Didier dans Actualités